Top 10 2000-2009 (Ghost Dog)

En ce 31 décembre de l'an de Grâce 2009, voici donc venir le temps des bilans de la décennie 2000-2009 en terme de cinéma asiatique, bilans toujours difficiles, toujours un peu artificiels, toujours incomplets et toujours subjectifs. Avec pour ma part un peu plus de 540 films visionnés pour cette période à ce jour, le petit classement argumenté ci-dessous donne un aperçu des oeuvres qui m'ont le plus marquées - même s'il peut être amené à évoluer avec le temps - en espérant qu'il vous donne envie de les (re)découvrir.



...parce que c'est à ce jour le film le plus abouti de JIA Zhang-Ke, auteur que je considérais jusque là comme très surestimé.
...parce que sa façon de mêler fiction et réalité est à la fois des plus troublantes et des plus efficaces.
...parce que son choix de rester le plus neutre possible face aux témoignages récoltés est tout à son honneur.
...parce que c'est une oeuvre historiquement essentielle pour comprendre l'évolution économique et politique sans doute la plus rapide et spectaculaire jamais constatée à l'échelle d'un pays, et dont les conséquences à long terme sont à peine imaginables.


...parce que ce film réussit l'exploit de communiquer au spectateur réceptif des émotions sensorielles indescriptibles par la seule force d'images langoureuses et d'un travail sonore époustouflant.
...parce que ce retour aux sources naturaliste est une échappatoire bienvenue au sein d'un monde oppressant.
...parce que les interprétations possibles sont riches et profondes.
...parce que  Wheerasetakul est un auteur définitivement à part, qu'il a confirmé depuis avec Tropical Malady et Syndromes and a century, et que c'est tant mieux.



...parce que rarement les problèmes de couple n'auront été abordés avec autant de talent et de justesse au cinéma.
...parce que la complicité des acteurs est touchante de sincérité.
...parce que je ne me suis toujours pas remis de ces plans séquences de toute beauté qui font ineluctablement monter les larmes aux yeux, ni de cette chanson magnifique accompagnant le film.
...parce que ce film est une bouffée de fraîcheur et d'espoir, et que Vive l'Amour !


...parce que, malgré ses défauts, c'est un petit chef d'oeuvre de noirceur et de grâce morbide.
...parce que certaines scènes absolument terrifiantes sont devenues immédiatement cultes, à commencer par ce solo musical désespéré d'un clone de Kurt Cobain dans un bowling privé.
...parce que SONO Shion, comme MIIKE Takashi, sont parfaitement lucides sur l'autodestruction japonaise en cours (stagnation économique, taux de naissance le plus bas du monde, explosion du cercle familial, nihilisme ravageur sorti tout droit des décombres d'une apocalypse nucléaire toujours pas digérée), et que Suicide Club est le chef de file d'autres oeuvres dans la même veine (Visitor Q, Noriko's Dinner table, Love Exposure, Izo, Kichiku dai enkai,...)
...parce que Suicide Club est aussi le digne successeur du meilleur film nippon des années 90, Hana-Bi, dont les 2 coups de feu suicidaires résonnent encore dans les esprits.


...parce que les rythmes technos terrassants de LIM Giong.
...parce que le portrait glacial d'une jeunesse asiatique déboussolée.
...parce que Shu Qi qui se retourne les cheveux au vent au ralenti dans le couloir du métro.
...parce que Shu Qi fumant cigarette sur cigarette.
...parce que Shu Qi au festival de Yubari.
...parce que Shu Qi, quoi.


...parce que KIM Ki-Duk a tourné plusieurs films magnifiques durant cette décennie (Locataires, Samaria, L'Ile,...) malgré une qualité décroissante ces dernières années, et que Printemps été est mon péché mignon.
...parce que le site choisi pour le tournage, à savoir ce temple planté au beau milieu de ce petit lac perdu dans la montagne, est tout simplement idyllique.
...parce que la beauté du Bouddhisme y est révélée dans toute sa splendeur.
...parce que KIM Ki-Duk s'y est personnellement investi à fond, notamment lors de cet inoubliable chemin de croix en forêt torse nu en plein hiver.


...parce qu'on ne le présente plus tellement c'est un incontournable.
...parce que quantité de scènes cultes, de l'engloutissage de poulpe vivant au combat à 30 contre un filmé en travelling dans un couloir.
...parce qu'Oldboy est au sommet d'un genre polar/thriller qui a littéralement explosé en Corée du Sud durant cette décennie, et qui a donné naissance à d'autres piliers comme A Bittersweet Life et Memories of Murder.
...parce que le twist final est définitivement à couper le souffle.


...parce que c'est un des meilleurs films documentaires jamais tourné.
...parce que Rithy PANH, avec un courage et une ténacité exemplaires, enregistre film après film le quotidien et les témoignages de ses compatriotes qui ont eu à subir l'un des crimes contre l'Humanité les plus abjects jamais planifiés au nom d'une application radicale de l'idéologie communiste, et qui mettront encore des décennies à s'en relever.
...parce que les reconstitutions machinales des bourreaux du camp de concentration S-21 sous les yeux de quelques survivants sont la démonstration la plus terrifante de la robotisation de l'Homme et de l'industrialisation de la Mort au XXème siècle.
...parce que plus jamais ça - même si c'est un voeu pieux.


...parce que Brillante MENDOZA est pour moi le réalisateur asiatique le plus intéressant de cette fin de décennie, et que Slingshot aurait également mérité sa place dans le top 10.
...parce que sa maîtrise de la caméra, de la lumière et du montage sonore plongent son film dans une ambiance oppressante particulièrement réussie.
...parce que Mendoza, qui a failli devenir prêtre catholique, interroge la foi de ses congénères avec une profondeur vertigineuse ; illustrant à la perfection la citation d'Edmund Burke "Pour triompher, le Mal n'a besoin que de l'inaction des gens de Bien", il démontre que les passages de la Bible affichés ostensiblement dans les rues de Manille ne sont que des slogans creux si ceux qui s'en réclament oublient que le Diable rôde constamment autour de l'Innocent, que le Mal est ancré dans la réalité du quotidien, qu'il faut se préparer sans relâche à le combattre, et que tout n'est pas si simple que dans un film Hollywoodien.
...parce que le plan final, d'apparence très banale, s'avère être en réalité une vision d'outre-tombe bouleversante qui n'a pas finie de me hanter.


...parce que visuellement, tout est y absolument splendide, chorégraphies, costumes, décors, photo et j'en passe.
...parce que Devdas est la quintessence d'un cinéma Bollywood en pleine forme qui a donné d'autres chefs d'oeuvre comme Lagaan, La Famille indienne, Mohabbatein, Veer-Zara ou Swades.
...parce que Aishwarya RAI et Madhuri DIXIT sont belles à se damner, et que Shahrukh KHAN n'a pas volé son staut de demi-dieu local.
...parce que le cinéma, c'est avant tout fait pour rêver, et que ce film y parvient à la perfection.

date

• décembre 2009

crédits

• auteur
• Ghost Dog

Films