Type | Livre | |
Editeur | ARROW | |
Prix constaté | 15£ | |
Video | lundi 11 septembre 2017 - 19:16 |
Le premier mérite du bouquin de Tom MES (midnighteye.com) est son existence : si la légendaire actrice des Lady Snowblood et de la saga Sasori avait été vaguement évoquée dans des livres sur le cinéma de genre nippon, elle n’avait jamais eu droit in the West à un livre consacré à elle seule. Publié par ARROW, le bouquin a le format et la longueur des livrets qu’on trouve en accompagnement de pas mal de blu-ray de l’éditeur.
Construit de manière chronologique en dehors d’un chapitre sur Meiko chanteuse et un sur Meiko actrice TV, le livre pourrait avoir pour sous-titre imprimez la légende. Puisqu’au fond il semble nous dire que Kaji avait déjà le tempérament et l’attitude des Nami et Yuki avant même de les incarner à l’écran. Et que son ascension dans le système de studios, bien que favorisée par le contexte de l’industrie cinématographie nipponne de son temps et des « bonnes rencontres » artistiques, se fit sous le sceau de la détermination et de l’intégrité artistique. Lorsque se contenter d’être soi-même face caméra suffit à crever l’écran, c’est le signe d’un vraie star, loin de tout ce que le terme peut avoir de galvaudé aujourd’hui.
Le bouquin montrera son échec pour passer sur grand écran de star à actrice de composition, rêve qui se concrétisera finalement du côté du petit écran. Et ses projets avortés de retour au grand écran en dépit de son souhait de tourner pour de jeunes auteurs nippons. C’est un vrai apport du bouquin, les cinéphiles occidentaux ayant eu jusque là peu d’information sur ce qui provoqua l’éclipse brutale de l’actrice dans les eighties. Même si MES suggère que le virage du système de studios dans les années 80 sous l’impulsion de KADOKAWA Haruki a pu également priver KAJI d’opportunités de rôles à sa hauteur.
On peut en revanche reprocher à MES un trop grand relativisme de point de vue concernant certaines œuvres : si KAJI a participé à certaines des plus belles et plus audacieuses pages du cinéma d’exploitation nippon, dégainer des comparaisons -exagérées- avec LEONE, BUNUEL et FELLINI concernant certains films risque de desservir un travail de découverte/réhabilitation en cours dans le monde anglo-saxon (sortie des Lady Snowblood en Criterion…). MES convainc bien plus dans la recontextualisation politique du cinéma d’exploitation et d’un pan du manga des seventies. Sur la vie privée de KAJI, on ne trouve ici quasiment rien, ce qui n’étonne pas sachant la discrétion de l’actrice/chanteuse sur le sujet.
A défaut de totalement convaincre, un livre qui comble un vide. Sinon, KAJI Meiko est remontée sur scène à Tokyo en 2017. Et elle publiera en mars 2018 son autobiographie.
Ordell Robbie
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