Les top 10 et tableaux de résultats étant de sortie en cette saison, un petit bilan chiffré de l'année 2006 s'imposait. Les trois marchés asiatiques que nous abordons - la Corée du sud, le Japon & le duo Chine/HK, sont d'une part ceux sur lesquels on dispose le plus de données, et également les plus importants par leur rayonnement international. Il ne s'agit pas non plus dans cet article de porter un quelconque jugement de valeur sur la qualité des productions des différents pays, mais simplement de présenter et de mettre un peu en perspective quelques données bruts.
Box Office Corée du Sud
L'année 2006 du cinéma coréen s'achève sur un résultat plutôt paradoxal. Plus de salles, plus de copies, plus d'entrées, mais moins de profits malgré des recettes totales de 834 millions d'euros (dépassant l'Allemagne pour la 1ère fois). En effet, le nombre d'entrées enregistrées sur l'année s'élève à 163.85 millions (films étrangers compris), soit 12.5% de plus qu'en 2005, et la part du cinéma coréen dans ces résultats s'élèvent à 64.2% (34% pour le cinéma américain). Du jamais vu dans la péninsule tout comme l'affluence record de plus de 13 millions de spectateurs pour The Host (US$90 millions). Dans ce contexte, seulement 9 productions hollywoodiennes ont passé la barre du milion d'entrées (7 millions de US$). Mais les films ont souffert d'une baisse des profits ; les coûts de production se sont élevés en moyenne à 3.3 millions d'euros, à peu près l'équivalent de 2005, mais pour des recettes allégées en raison des frais de promotions bien plus élevés (en moyenne 35.8% des budgets). Pour être rentable, un film devrait en moyenne attirer 1.3 millions de spectateurs, score atteint par 22 des 108 films produits en 2006 (virtuellement 1 film sur 5 est rentré dans ses frais).
Mais hors de ses frontières, on assiste à une grosse désillusion de la vague coréenne, traduite par une chute de 68% des ventes internationales, à 18.9 millions d'euros (58.7 en 2005). Cela est surtout causé par la baisse au Japon, principal acheteur, qui n'a contribué qu'à auteur de 8 millions d'euros, au lieu des 46.6 millions de 2005.
L'année a été en particulier marquée par le combat des deux gros producteurs coréens, CJ Entertainment et Showbox. Le KOFIC annonce CJ vainqueur avec plus de 30 millions de tickets vendus, alors que Showbox culmine à 29,88. Ceux-ci ont vite répondu à leur défaite en déclarant que la collaboration de CJ avec Cinema Service sur quelques films, réduit cette participation à moitié de ticket, ce qui donne, après un savant calcul, un résultat à peine inférieur à Showbox. Dans ce contexte où chacun cherche la petite bête pour être meilleur que l'autre, la guerre semble ouverte entre les deux. Parmi le top10 des films les plus vus en 2006, 7 étaient coréens. On remarque aussi l'attraction pour les suites, dont 2 se sont classées dans le top 10 (3 si on compte MI3).
En outre, l'année 2006 a été marquée par la réduction des quotas, effective depuis le 1er juillet. Les distributeurs doivent à présent réserver 25% de leurs écrans aux films coréens, contre 50% jusque là. Cela a vite fait planer la menace sur le cinéma d'art et essai, première victime évidente de cette baisse. Certains ont vite réagi à cette situation ; par exemple CGV (la plus grosse chaîne de cinéma coréenne) a déclaré que 4 de ses complexes étaient dédiés aux films d'art et essai, attirant environ 305 000 spectateurs en 2006, soit 37% de plus que l'année d'avant (6 des ces films ont dépassés les 10 000 entrées, dont Time, de KIM Ki-Duk), et qu'ils allaient en ouvrir un 5ème courant 2007.
On peut en conclure que sur leur marché, les coréens arrivent à faire fière figure, même si les coûts de production plombe bien les profits. Mais d'un point de vu international, le poids du Japon et sa baisse de participation brutale a été un coup dur pour la vague coréenne, qui va avoir du mal à s'en remettre. Cependant, on notera que l'inquiétude, suites à la baisse des quotas, n'a pas été suivie des résultats pessimistes attendus, mais aurait même plutôt renforcé le nationalisme coréen en la matière. Il faudra sans doute attendre les résultats de 2007 pour avoir une idée plus précise de son l'influence sur la production coréenne.
Top 10 (en entrées) des films coréens pour 2006 (The King and The Clown est compté sur l'année 2005)
|
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|
Korean Films |
Nationwide |
Seoul |
Release |
Weeks |
1 |
The Host |
13,019,740 |
3,548,340 |
Jul 27 |
9 |
2 |
Tazza |
6,798,000 |
n/a |
Sep 27 |
9 |
3 |
My Boss, My Teacher |
6,105,431 |
1,502,821 |
Jan 19 |
5 |
4 |
200 Pound Beauty |
5,164,600 |
n/a |
Dec 14 |
5 |
5 |
Hanbando |
3,864,203 |
1,074,182 |
Jul 14 |
5 |
6 |
Marrying the Mafia 3 |
3,450,200 |
n/a |
Sep 21 |
5 |
7 |
Maundy Thursday |
3,140,900 |
n/a |
Sep 14 |
6 |
8 |
Forbidden Quest |
2,576,022 |
868,692 |
Feb 23 |
5 |
9 |
Barefoot Kibong |
2,347,311 |
524,357 |
Apr 26 |
5 |
10 |
My Scary Girl |
2,286,860 |
768,260 |
Apr 6 |
7 |
Chiffres 2006 (2005)
Entrées totales : 163.85 millions (145.64)
Recettes totales : 834 millions d'euros pour 1847 écrans
Coût moyen de production : 3.3 millions d'euros (équivalent)
Dépense moyenne en marketing/promotion : 35.8%
Part du cinéma local : 64.2%
Part des distributeurs (Seoul - les chiffres sur toute la Corée ne sont pas encore sortis)
CJ Ent. : 23.3%
Showbox : 20.1
Cinema Service : 11%
SPRI : 10.1%
UIP : 7.6%
Fox : 5.9%
Warner : 5.8%
Lotte Ent. : 5.6%
Prime Ent. : 2.8%
MK Pictures : 2.4%
Ventes internationales
totales : 18.9 millions d'euros (58.7)
Japon : 8 millions d'euros (46.6)
Thailande : 2.5 millions d'euros (1.14)
USA : 1.54 millions d'euros (1.58)
France et Allemagne : 1 millions d'euros chacun
[Sources :Hankyoreh, Variety, KoreanFilm.org, Film 2.0, KOFIC]
Box Office Japon
Les premiers éléments chiffrés concernant 2006 témoignent d'une évolution favorable aux productions japonaises, mais qui n'est pas sans contrastes. Pour la première fois depuis plus de 20 ans, les productions locales (hoga), avec 53% du box office annuel, pèsent plus que les films étrangers (les films américains captent environ 95 % de la recette réalisée par l'ensemble des films étrangers) et font mieux que les 43% de l’année 2005. Egalement, la quantité de films japonais produits devrait excéder les 400, une première aussi depuis 1973. De janvier à fin novembre 2006, les résultats au box office sont de 1.48 milliards de dollars US, et la part des productions locales s’élève à 792.4 millions de dollars, c'est-à-dire déjà plus que les 692 millions sur l’ensemble l’année précédente. Les projections prédisent un total de 847.5 millions de dollars pour les films japonais fin décembre. Une progression incontestable donc de la part des films locaux dans un box office qui devrait être, avec 1.78 milliards de dollars, un peu meilleur que celui de 2005 (1.69 milliards).
Du mieux à priori, mais des chiffres à contraster et à mettre en perspective. Si le box office est en léger progrès par rapport à l’année 2005, il ne devrait pas faire mieux que celui de 2003 et encore moins que le record de 2 milliards de dollars de l’année 2004 par exemple, avec la locomotive Le Château Ambulant de MIYAZAKI père pour tirer le tout. L’un dans l’autre, globalement, la situation oscille mais reste stable depuis quelques années et si les films japonais pèsent nettement plus, leur nombre étant en régulière et constante augmentation également (de 270 en 1999 à plus de 400 en 2005), ça signifie des recettes à diviser d’autant. De plus, le parc de salles étant également en franche augmentation (de 2221 à 2929 salles entre 1999 et 2005), cela veut dire que le chiffre d’affaire moyen par écran tend à rester constant, si ce n’est à baisser. Du point de vue de la fréquentation, les chiffres de 2006 ne sont pas encore tombés, mais on peut extrapoler sans trop de risques qu’il ne seront significativement pas meilleurs que les trois années précédentes. A part le pic de 170 millions de spectateurs en 2004 (merci MIYAZAKI), depuis 2001 la fréquentation oscille autour de 160 millions. Elle sera peut-être légèrement supérieure en 2006, mais à la mesure de la différence dans le chiffre du box office, minime. Le tableau ci-dessous pointe du reste cette « stagnation positive » - positive car consolidant quand même un mieux par rapport aux décennies antérieures - en donnant les indices de fréquentation pour les 8 dernières années. Ce qui se traduit également dans les recettes, qui sur cette même période – à part 2004 toujours - oscillent aux alentours du chiffre de 2005, soit 1.70 milliards de dollars.
C'est donc clairement la production de films locaux en augmentationl et la part de ces derniers dans les résultats du box office qui restent significatifs pour 2006. Certainement une bonne nouvelle en soi du point de vue de l’industrie du cinéma japonais, mais là encore à contraster. En effet, si par rapport à 2005 plus de films franchissent la barre des 42 millions de dollars (l’équivalent de « gros succès ») en 2006, six contre deux, aucun ne dépasse la barre symbolique des 85 millions (10 milliards de yen). Seul des films étrangers y parviennent comme le montre (en yen) le top disponible ci-dessous. Par ailleurs, ce top 10 2006 des films japonais confirme l’importance de l’animation avec pas moins de 4 films présents, dont Tales from Earthsea en 4ème place. Le film du studio Ghibli, avec 65 millions de dollars de recettes, est de plus le champion des films japonais de l’année, suivi de Umizaru 2: Test of Trust ($60 millions) et Suite Dreams ($52 millions). Le grand gagnant de l’année toutes catégories est le film étranger Pirates des Caraïbes avec 88 millions de dollars.
On pourrait alors croire qu’à défaut d’une nette augmentation de la fréquentation, l’augmentation de la production et une meilleure représentation au box office favorisent l’industrie japonaise dans son ensemble. Mais là encore, les données contrastent cette hypothèse. Car si la Corée voit deux gros studios se disputer le leadership sur leur marché, le Japon vit actuellement une écrasante domination de la Toho. Ainsi les 3 premiers films japonais au box office, cités précédemment, ont été distribués sous la houlette de ce studio. Plus globalement, la Toho avec plus de 489 millions de dollars de recettes pour 2006, trust la hoga bubble (l’explosion de la production locale) et fera assurément mieux que ses 60% de parts sur les recettes des films japonais en 2005. Quant aux concurrents de Toho, ils restent loin derrière comme la Shochiku et ses 117 millions de US$ et la Toei avec 111 millions de US$. Et la tendance ne devrait pas s’inverser pour l’année 2007, tout comme celle du "bizness model" dominant l’industrie locale depuis quelques temps (confortée par les chiffres de 2006), de co-productions avec les grands groupes télévisuels, recyclant de plus en plus les dramas TV à succès et leurs stars maisons, et/ou adaptant des mangas et animes également à succès. Le top 10 japonais de l’année n’est ainsi constitué que de co-productions avec des chaînes TV, avec un véritable match – si ce n’est une mêlée – auquel se livrent les grands studios cinéma Toho, Toei et Shochiku et les grandes chaînes Fuji, NTV et TBS.
Enfin, notons que si du côté des co-productions avec Hollywood le succès des deux Death Note (avec Warner pour qui c’est le plus gros succès au Japon en 2006) en appelle d’autres, beaucoup prédisent la fin de la « vague coréenne » qui frappait l’archipel ces derniers temps. Non seulement le Japon a importé cette année moins de films coréens, mais aucun de ceux distribués n’a de plus dépassé la barre symbolique du milliard de yen (8.2 millions de dollars). Quant aux chiffres concernant l’exportation du cinéma japonais, ils ne sont pas encore disponibles, mais ce secteur devrait toujours être dominé par les ventes de dessins animés selon un rapport (Japan Economic Report) du JETRO couvrant octobre et novembre 2006. A voir plus généralement si le cinéma japonais profite des ventes à l’internationale en baisse du cinéma coréen.
Top 10 des films japonais en 2006 :
Les résultats chiffrés entre parenthèses le sont en milliards de yens et les films d'animation sont indiqués en italiques. Il faut compter 1 euro pour 154 yen.
1 - Tales from Earthsea (7.65 bil. yen / Toho + NTV)
2 - Umizaru 2 - Test of Trust (7.1 bil. yen / Toho + FujiTV)
3 - Suite Dreams (6.08 bil. yen) / Toho + FujiTV)
4 - Deaht Note the Last name (5.5 bil. yen / Warner + NTV)
5 - Sinking of Japan (5.34 bil. yen / Toho + TBS)
6 - Yamato (5.09 bil. yen / Toei + TV Asahi)
7 - Pocket Monster (3.4 bil. yen / Toho + TV Tokyo)
8 - Doraemon (3.28 bil. yen / Toho + TV Asahi)
9 - Nada Soso (3.06 bil. yen / Toho + TBS)
10 - Meitantei Konan (3.03 bil. yen / Toho + NTV)
Tableau de situation du cinéma japonais du CNC (Centre National de la Cinematographie), pour les 8 dernières années (hors 2006)
|
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
films nationaux sortis |
249 |
270 |
282 |
281 |
293 |
287 |
310 |
356 |
écrans |
1998 |
2221 |
2524 |
2585 |
2635 |
2681 |
2825 |
2926 |
entrées (millions) |
153,1 |
144,7 |
135,4 |
163,3 |
160,8 |
162,3 |
170,1 |
160,5 |
indice de fréquentation |
1,2 |
1,1 |
1,1 |
1,3 |
1,3 |
1,3 |
1,3 |
1,3 |
recettes (Md¥) |
193,5 |
182,8 |
170,9 |
200,2 |
196,8 |
203,3 |
210,9 |
198,2 |
part du film national (%) |
30,2 |
31,9 |
31,8 |
39 |
27 |
33 |
37,5 |
41,3 |
[sources : Variety, CNC, JETRO, Eiga.com, HogaCentral.com]
Box Offices Chine & Hong Kong
Traité dans un même chapitre mais de façon séparés, la présentation des résultats du box office pour cette partie de l'Asie est à l'image de la relation qu'entretient aujourd'hui l'industrie du cinéma HK avec celle de la Chine : celle d'une dépendance toujours plus grande.
LA CHINE
Le chiffre de l’année 2006 à mettre en exergue pour l’industrie du cinéma c’est l’augmentation de 30% des recettes globales par rapport à l’année précédente. Ainsi, alors qu’en 2005 le box office engrangeait 256.2 millions de $ US (2 milliards de yuan) avec déjà une hausse de 30% par rapport à 2004, il est monté à 335.7 millions de $ (2.62 Mds de yuan) en 2006. La part des films chinois dans les recettes salles s’élève quant à elle à 55%, en progression également selon le SARFT (State Administration of Radio, Film and Television) mais sans que ce dernier ne donne les chiffres de 2005. Du point de vue de la production également la courbe est à la hausse : ainsi avec 330 films produits en 2006, c’est 77 de mieux qu’en 2005. Sur les 270 compagnies chinoises qui ont produit des films l’année passé, 75% étaient privées. Le parc de salles, assise première sur laquelle repose la bonne courbe des fréquentations, continue aussi à se renforcer sensiblement : les 82 complexes cinéma construits en 2006 ont permis la création de 366 nouvelles salles/écrans, portant le nombre de cinémas à 1325 pour 3034 salles.
Le gagnant du box office de l’année, Curse of the Golden Flower de ZHANG Yimou sorti mi-décembre, réalise près de 30.73 millions de US$ (240 millions de yuan) de recettes (10.5% du total de 2006). ZHANG Yimou fait ainsi mieux qu’avec Hero et pourrait dépasser les recettes records de Titanic (350 MY) entre 1997 et 1998. Yimou est talonné, de très loin, par FENG Xiaogang qui s’empare de la seconde place avec The Banquet, fort de ses 16 millions de US$ (125 millions de yuan). Le reste du top 10 voit encore se classer 3 films chinois et 5 américains. A noter qu’avec le Fearless de Jet LI à plus de 13 millions de US$ (101.58 millions de yuan), ce sont trois films de genre - deux wu xia rococo & un kung-fu pian - qui se taillent la part belle parmi les productions chinoises. Par extension, ce sont les chorégraphes CHING Siu-Tung (premier) et YUEN Woo-Ping (second et quatrième) qui gagnent la bataille du box-office mainland. Enfin, sur les cinq films chinois présents dans le top 10 annuel, tous sont à des degrés divers des co-productions avec Hong Kong et/ou pan asiatiques.
Concernant la santé du cinéma chinois à l’exportation, le site ChinaNewsMedia (sinapsesconseils.typepad.com) rapporte dans une news du 10 janvier que « les revenus du cinéma chinois hors de ses frontières ont atteint 1.91 Mds Yuan (244 M$ US) en 2006, selon les données publiées par le Sarft. Un chiffre en progression de 16% par rapport à 2005 (1.65 Mds Y). En 2006, 73 films ont été exportés dans 44 pays et régions. Selon le SARFT, l'année dernière est la meilleure année de l'histoire du cinéma chinois, tant par les chiffres que par le nombre de récompenses obtenues par des productions chinoises. 27 films ont gagné 44 prix lors de 22 festivals internationaux, à comparer avec les 32 prix remportés par 18 films dans 24 festivals en 2005 ». Une progression, sur le marché local ou à l’internationale, à l’image de la croissance à deux chiffres affichée par la Chine depuis quelques années et les prévisions pour 2010 (900 millions $US de recettes) et 2015 (2 milliards $US) semblent confirmer la tendance.
Quelques chiffres 2006
Films produits en 2006: 330
Films produits en 2005 : 260
Revenus 2005 : 2 Mds Y (256.2 M$ US)
Revenus 2006 : 2.62 Mds Y (335.7 M$ US) +30%
Prévisions : 900 M$ US en 2010, plus de 2 Mds$ US en 2015
Films chinois : 55% des recettes salles
Exportation des films chinois
73 films exportés dans 44 pays en 2005
44 prix gagnés par 27 films dans 22 festivals
Revenus 2005 : 1.65 Mds Y
Revenus 2006 : 1.91 Mds Y (244 M$ US), + 16%
Top 10 des films chinois en 2006 |
|
Résultats en yuan |
Résultats en $US |
1 - Curse of the Golden Flower |
240 millions |
30.73 millions |
2 - The Banquet |
125 millions |
16 millions |
3 - Fearless |
101.58 millions |
13 millions |
4 - Rob-B-Hood |
92 millions |
11.78 millions |
5 - Battle of Wits |
61 millions |
7.81 millions |
6 - Dragon tiger Gate |
51.3 millions |
6.57 millions |
7 - Confession of pain |
36 millions |
4.61 millions |
8 - The Knot |
32.32 millions |
4.14 millions |
9 - Crazy Stone |
23 millions |
2.94 millions |
10- The Tokyo Trial |
20.3 millions |
2.6 millions |
[sources : Variety, AsiaNewsMedia, peopledaily, SARFT]
HONG KONG
Les années se suivent et se ressemblent pour l’industrie du cinéma hongkongais. Si l'image d'une digestion prolongée de Hong Kong par la Chine a une quelconque valeur, alors l'industrie du cinéma HK doit nager dans les sucsc gastriques.
Le box office total pour 2006, avec 907 millions de HK$, frétille de tout juste + 0.22% par rapport 2005 et ne compense même pas la baisse de 1.3% de 2004. Ces chiffres dans un contexte plus général où, depuis 2001 et ses plus de 1 milliard de HK$ (US$133.4M) de recettes, l’industrie locale connaît une stagnation « à la baisse » sur fond de déclin général lancinant. En effet, si la baisse (- 0.7%) de la part des films HK au box office qui est de 31% cette année avec 282 millions de HK$, est minime, c’est sur la base d'un recul plus profond. Ainsi l’année 2002, malgré ses 347 millions HK$ de parts pour les films locaux, faisait déjà – 26% par rapport à 2001 et les + 0.22% de 2006 ne masquent pas la baisse de – 46% par rapport à 2003. Et on est encore très loin de 1992 par exemple, ou les productions HK avec 160 millions de US$ (80% du box office, puis 52% en 2001 et 31% en 2006) faisaient plus de recettes que le box office total de 2006. Le recul de la production HK traduit également cette réalité avec 51 films en 2006 contre 55 distribués en 2005 et 64 films en 2004. A titre de comparaison, en 2001 ce sont 133 films HK qui furent produits et 92 l’année suivante.
Parmi les films HK, le grand gagnant de 2006 est Fearless, qui est le seul film à dépasser la barre des 30 millions de HK$, bénéficiant aussi de sa fenêtre de sortie pendant la lucrative période du nouvel an chinois. Il aura ensuite fallu attendre 8 mois pour qu’une autre production locale, Rob-B-Hood avec 23.45 millions de HK$, obtienne un succès significatif. Ces deux derniers films sont d’ailleurs les seuls estampillés HK (et également des co-prod. avec la Chine) qui se hissent dans le top10 annuel : Fearless à la 5ème place et le film de Jackie CHAN à la 6ème. Curse of the Golden Flower, sortie début décembre, fini l’année 2006 avec 15.72 millions de HK$ et se range donc troisième de ce podium. Ce sont donc les co-productions avec la Chine, devenues la norme, qui dominent la production locale et lui permettent de pointer le bout du nez dans le top 10 annuel. La perfusion devrait encore perdurer dans les années à venir.
Les chiffres du box office du tableau ci-dessous sont susceptibles d’évoluer. Les films avec une astérisque (*) étaient toujours à l’affiche après le 31 décembre 2006.
Top 10 des films HK 2006 |
1 - Fearless |
HK$30.20m |
2 - Rob-B-Hood |
HK$23.45m |
3 - Curse of the Golden Flower* |
HK$15.72m |
4 - A Battle of Wits* |
HK$15.58m |
5 - Confession of Pain* |
HK$14.65m |
6 - Re-Cycle |
HK$14.19m |
7 - Election 2 |
HK$13.58m |
8 - Dragon Tiger Gate |
HK$12.11m |
9 - McDull, The Alumni |
HK$10.65m |
10- 2 Become 1 |
HK$10.24m |
[sources : HKFilmart, HK Film Top Ten, Variety]
En guise de conclusion
Exception faite de Hong Kong, on remarque que la Corée du sud, le Japon comme la Chine, dominent leurs box offices respectifs. Une donnée d'importance et qui mérite d'être soulignée avec tout ce qu'une telle situation a d'inédit. Alors que la Corée est en perte de vitesse à l'export, la Chine confirme sa progression sur ce secteur. C'est d'ailleurs cette dernière qui semble présenter les progrès les plus nets et les plus constants dans presque tous les domaines. Et si le box office hongkongais tire la langue, les studios de l'ex.colonie britannique tendent à s'y retrouver financièrement en rammassant les miettes du festin continental, dans le cadre des co-productions avec la Chine. Il faut enfin encore attendre d'avoir les chiffres à l'export du Japon pour savoir qui de la Chine ou de ce dernier postule à occuper le vide laissé par la Corée sur ce créneau. Enfin, la domination des productions nationales sur leurs marchés respectifs n'est globalement pas synonyme de baisse des recettes pour le cinéma américain, principal concurrent commun. Selon Variety, a l'international, les grands studios d'Hollywood ont battu de nouveaux records de recettes en 2006 avec 8,6 milliards de dollars, 100 millions de mieux qu'en 2005.