Interview Andy Lau
En 1997, vous avez décidé de devenir producteur   et financé Made in Honk Kong de Fruit Chan. Pourquoi?
Il y a des films de toutes natures à Hong-Kong. Certains   sont commerciaux, d'autres plus auteurisants. Je suis devenu producteur pour   essayer de créer un équilibre entre ces deux orientations. Je   pense que Fruit Chan est un réalisateur intéressant parce qu'il   parvient justement à donner un attrait purement commercial à des   sujets artistiques et personnels. Je suis devenu producteur pour travailler   avec des personnes comme lui et bousculer un peu les choses dans le cinéma   hong- kongais.
Quels souvenirs gardez-vous de vos débuts avec Wong   Kar Wai? Il me semble qu'il n'aimait pas trop le style "acteur de soap   opéra télé" et qu'il avait des méthodes très   particulières avec ses acteurs...
Oui, mais la plupart de ses acteurs - ceux de la génération   de Maggie Cheung, Tony Leung - venaient justement de la télévision!   Wong Kar Wai est un réalisateur très intense, très personnel,   et je crois qu'en général il n'aime pas, il ne veut pas que les   acteurs montrent leur vrai visage, leur vraie personnalité à l'écran.   Il veut qu'ils suivent ses directives, il veut les emmener dans son propre   monde. Il est très exigeant, il nous faisait beaucoup tourner, mais   le résultat était extraordinaire.
Avez-vous été attristé par l'échec   commercial de Nos Années Sauvages? 
Le film a bien marché auprès de la critique,   mais pas du public. Mais moi, c'est justement pour ce genre de films uniques   que je suis devenu producteur. Je crois que le public s'est malheureusement   senti très éloigné de l'histoire. Si vous me demandez   si j'aime le film, je vous dirai: "Oui, je l'adore!" (Sourire), mais   si vous demandez à ma mère, par exemple (il baisse la tête   avec une grimace de réprobation), elle vous dira: "Mais quelle   est au juste l'histoire de ce film?!" (Rires) Mais moi, j'ai adoré faire   ce film, vraiment.
Parlons maintenant de Johnnie To, avec qui vous avez fait   plusieurs films et venez de produire Full Time Killer...
Je connais Johnnie To depuis l'époque de mes débuts à TVB.   Je me souviens que le premier film que j'ai tourné avec lui était   le mélodrame A Moment of Romance III. C'est un réalisateur   très talentueux qui sait manier, mélanger des éléments   commerciaux et artistiques dans ses films. Il l'a prouvé avec des films   comme The Longest Nite. Quand il s'est agi de faire Full Time Killer,   nous nous sommes réunis et nous nous sommes sérieusement demandés,   Johnnie To, Wai Ka Fai et moi-même: "Pourquoi faire encore un film   de tueurs? Est-ce que ça en vaut bien la peine? D'accord, il y a beaucoup   d'endroits différents dans l'histoire, beaucoup d'action - le tournage   a d'ailleurs été assez fatigant, entre plusieurs pays - mais   quelle est vraiment l'utilité de faire encore un film de tueurs dans   le cinéma hong kongais?" Mais la réponse est qu'il nous   a paru très intéressant que mon personnage, Tok, soit un fan   de films de genre et se comporte en véritable showman pour effectuer   ses contrats. Nous avons donc tourné les scènes de fusillades   comme de véritables shows mis en scène par le personnage, et   pendant le tournage, pour renforcer cette impression, nous mettions de la musique   sur le plateau. Tout se passait donc en rythme, sur le tempo de morceaux de   musique! (Rires)
Vous avez aussi du apprendre à parler le japonais pour   votre rôle...
Oh, mon Dieu! (Rires) Quel cauchemar! Je ne parlais pas un   mot de japonais avant ce film. J'ai du passer deux mois au Japon pour apprendre   les fondements de la langue. Mais ça va, ça fonctionne plutôt   bien à l'écran.
Vous vous souvenez de quelques phrases de japonais?
Oui. "Kinyobi eiga ni iko?" Ca signifie "Vous   voulez aller au cinéma avec moi vendredi?"
Volontiers...
(Rires) Merci.